Starlink : mon sang n’a fait qu’un tour …

Mercredi, 10h51. Réception d’un message personnel … ma femme, avec juste une photo, un kit Starlink ! Vous voulez en savoir plus ?..

L’histoire (si vous ne voulez strictement rien apprendre d’intéressant, passez à l’unboxing, chapitre suivant …)

Tout à commencé il y a 6 mois, quasi jour pour jour, lorsque SpaceX annonçait l’ouverture des réservations à l’ouverture de la bêta de son nouveau service d’Internet par satellite, Starlink, le 20 Novembre 2020, pour la France. Vous me connaissez, sans doute, depuis pas mal de temps maintenant, mon sang de couleur geek n’a fait qu’un tour, d’autant que je fais partie des sous-développés de l’Internet résidentiel, à 3/4 km du centre-ville de Nantes, avec une connexion ADSL à 2 Mbit/s. C’était pour moi, ça ne pouvait pas être autre chose. J’ai donc immédiatement payé $99 pour m’inscrire (à l’époque c’était un montant remboursable), tout en caressant l’espoir, qu’un jour prochain, tout cela pourrait devenir plus concret qu’une simple promesse.

6 mois plus tard, donc, Vendredi 7 mai 2021, un mail me remplissait de joie zé d’allégresse ! Starlink lançait l’open bêta ! Mon sang de couleur geek n’a fait qu’un tour : il fallait signer … Petite refroiditude, malgré tout, vous deviez acheter le kit, à $499, tout de même, moins les $99 de réservation, mais PLUS les frais de port, à environ $50. Converti en euros, cela donnait une petit douloureuse de 475 euros. Bon, aheum, mon sang de couleur geek à quand même fait quelques tours… pour finalement craquer : c’est le FIOUTCHOUR ! On est geek ou pas ?

Malgré le mail de confirmation annonçant la réception plutôt fin mai, quelle n’a pas été ma – bonne – surprise de découvrir un petit message de DHL m’indiquant l’expédition du kit le 11 ! La classe, tout de même de recevoir un SMS de SpaceX … j’ai cru quelques millisecondes qu’un premier étage de Falcon 9 allait atterrir dans mon jardin. Bon, en fait, je ne vais pas teaser trop longtemps, ce ne fut pas le cas. Plus prosaïquement, ça a du se passer avec des moyens tellement moins funs : avion, camion de livraison, humains, so boring.

Par contre, quelle rapidité, réception le 12 à 10h51 !!!! Evidémment, en plein boulot (en réunion, pour tout vous dire ^^), ma femme m’envoie une petite photo qui en disait long (ne commencez pas à cogiter, bandes de pervers ^^) :

Vous savez quoi ? Mon sang de couleur geek n’a fait qu’un tour ! Expédition des affaires courantes et retour en télétravail au sweet home, d’autant que j’avais une webconf avec VMware l’après-midi, parfaitement compatible avec le travail à distance. Et, tadaaaaa, enfin, le précieux kit était là, prêt à être déballé, installé et testé.

Unboxing, installing, testing, fine-tuning, mise-en-proding

Le kit Starlink, qui a déjà été plusieurs fois présenté sur Youtube et par des bloggueurs américains, est extrêmement simple dans sa mise en place (c’était d’ailleurs une des contraintes de base de Starlink). Il est composé d’une antenne parabolique, d’un adaptateur d’alimentation, 30 mètres de câble ethernet dont une des extrémité est directement intégrée à la parabole, et un petit routeur wifi autonome alimenté en PoE. Le branchement est digne d’une installation de box Internet : montez l’antenne, posez-la avec un bon champ de vision vers le ciel, branchez le cable à l’adaptateur, l’adaptateur au secteur, enfin, connectez le routeur Wifi sur le sus-nommé adaptateur via un câble ethernet dédié. Laissez cuire 3/5 minutes… si vous avez bien placé la parabole, vous êtes connecté rapidement. Une application iOS et Android est disponible pour vous aider. Je ne vais pas trop détailler cette partie, car vous êtes grand(e)s et informaticien(ne)s, n’est-ce pas …

Bon, on cause vraiment technique, là ? Il est temps …

Starlink est donc un service offrant l’Internet par satellite. Jusque là, rien de très « nouveau », des offres de ce type existent déjà sur le marché. La grosse nouveauté, disruptive, par rapport à ce type de service jusqu’à présent, ce sont deux chose : d’abord les satellites utilisés ne sont pas en position géostationnaire mais à 550km d’altitude, ils sont donc loin d’être dans une position statique dans le ciel, ils filent à 28000 km/h (un peu moins de 8km/s) en orbite basse. Ensuite, il n’y en a pas deux ou trois … mes des centaines actuellement et d’ici quelques années des milliers, litérallement ! D’ailleurs cela à fait pas mal le buzz à cause de la pollution lumineuse potentielle pour les astronomes (les satellites sont petits mais peuvent refléter la lumière du soleil facilement, causant des effets non négligeables pendant les observations astronomiques au sol), mais aussi à cause des débris spatiaux qu’ils sont susceptibles de générer à terme ou en cas de collision avec d’autres objets. Bref, le sujet est complexe et encore sur la table. Malgré tout, « sur le principe », cette flotte de satellite et leur mode de fonctionnement « mesh » est assez révolutionnaire. Je vous donne des liens pour en savoir plus en fin d’article.

Fonctionnement en IP

Une fois laissé de coté le fonctionnement de ce système, le kit et son installation sont un jeu d’enfant et vous pouvez facilement vous passer du routeur Wifi plug-n-play : il vous suffit de faire du DHCP directement a partir de la prise ethernet sur laquelle se branche ledit routeur. C’est bien entendu ce que j’ai fait pour vraiment prendre le contrôle de l’accès IP. Après un peu de jarretièrage ethernet de configuration vlan, j’ai connecté directement la parabole à un port WAN de ma pfSense virtuelle et j’obtenais une adresse IP sur un range privé à la RFC1918 100.64.0.0/10. Starlink ne propose pas d’IP publique aujourd’hui et utilise le même système CNAT (Carrier NAT) que notre 4G/5G actuelle. On peut être déçu, mais c’est le jeu ma pauvre lucette, aujourd’hui l’IPv4 n’est plus capable de répondre à la multiplication des endpoint, on le sait tous. Ceci étant, Starlink a annoncé récemment qu’une connectivité IPv6 full stack serait disponible à terme (pas de date encore). C’est le FIOUTCHOUR on vous dit :)

La QoS

Parlons maintenant de la qualité du service, ses performances, sa stabilité. Après avoir optimisé au mieux le positionnement de la parabole, je suis arrivé à une couverture du ciel satisfaisante, où les obstacles sont, de mon point de vue quasi inexistants (pas de feuillage, pas de bâtiment, pas de mouvement). Pour la partie performance pure, les débits sont clairement là, dans les deux sens avec une moyenne de 50 à 150mbit/s régulièrement (et même des pointes à plus de 300 mbit/s !). La latence moyenne se situe aujourd’hui autour de 50 à 60ms, ce qui est un très bon score, je trouve, vu les distances à parcourir et la vitesse de la lumière finie, je vous le rappelle ^^

Par contre, coté stabilité, c’est là que le bas blesse pour le moment, mais il faudra consolider cela avec un autre accès que le mien (un ami a aussi commandé son kit, je on va pouvoir se comparer les caractéristiques ^^). En effet, j’ai constaté des coupures nettes de quelques secondes à plus de 10/20 secondes quelques fois, avant un rétablissement total. Difficile, avec si peu de recul, de vraiment savoir d’où ça vient, d’autant que le temps est bien mauvais en ce moment sur Nantes et sa région : gros nuages, pluie, vent etc. Ces coupures sont, qui plus est, assez régulières et il est rare d’avoir une connexion stable plus de 15/20 minutes. Enfin, et il faut en être conscient, la flotte de satellite n’est pas complète, loin s’en faut et le service offert est clairement en bêta.

Vous pouvez noter les pertes de ping très réguliers pendant la nuit, avec un « mieux » depuis le matin, meilleur temps. Le deuxième graphe à droite vous montre une session de download alors que la connexion était stable à ce moment là, plusieurs ISO et vidéos en téléchargement simultané !

Premier bilan

Malgré tout, quand on subit au quotidien des débits anémiques de quelques mégabit/s … quel bonheur de télécharger une iso en 2/3 minutes, au lieu de 30/40 … Starlink est vraiment bluffant, en dehors des coupures ponctuelles. SpaceX annonce que son réseau de satellite va énormément grossir dans les mois/années qui viennent et nul doute que la fiabilité et la stabilité viendra avec la densification de celui-ci. En tout cas, aujourd’hui, si vous avez un peu de sous à « perdre », l’abonnement est facturé 99 euros par mois, sans engagement, et que votre connexion résidentielle est une purge… jetez vous sur Starlink, au moins pour tester un service aussi fou. Moi, mon sang couleur geek n’a fait qu’un tour ^^


PS : ce billet a été rédigé via la connexion Starlink, évidemment ! Les uploads marchent très bien aussi ^^…

Pour aller plus loin :
La flotte Starlink en temps réel ici.
Le forum Reddit Starlink ici.
Comment Starlink fonctionne (anglais) ici.
Vidéo Q&A des ingénieurs Starlink à la communauté, très intéressant, (youtube).
LE site si vous voulez interroger en live la base de données (via de l’API REST aussi) des satellites en orbite, notamment ceux de Starlink, Space-Track ici.